Offres d’emploi, métiers, diplômes et discriminations à l’embauche selon l’origine
Documents d’études n°270 et 271, DARES, automne 2023
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Le risque discriminatoire diminue-t-il avec le niveau de diplôme ? Une analyse comparée de trois mesures de la discrimination
Lorsqu’elles ont les mêmes caractéristiques individuelles, lieux de résidence, trajectoires scolaires et professionnelles, les personnes originaires du Maghreb rencontrent plus de difficultés que celles sans ascendance migratoire pour accéder au marché du travail.
Trois aspects des discriminations à l’embauche sont appréhendés dans cette étude : le comportement des recruteurs face à des candidatures se distinguant uniquement par les noms et prénoms des candidat∙es (étudié par la méthode du testing), les écarts de position sur le marché du travail en fonction du lien à la migration des personnes (mesurés à partir des Enquêtes emploi) et les déclarations de situations discriminatoires dans la recherche d’emploi (issues de l’enquête Trajectoires et Origines 2).
Quelle que soit la mesure, les discriminations à l’embauche à l’encontre des personnes originaires du Maghreb sont marquées, et l’obtention d’un diplôme en France ne les protège pas face au risque discriminatoire. L’effet du niveau de diplôme varie en fonction du sexe. Bien que les candidatures des femmes originaires du Maghreb retiennent relativement plus souvent l’attention du recruteur lorsqu’elles sont diplômées du supérieur et candidatent à un poste qualifié, les discriminations seraient plus marquées dans la seconde phase du recrutement : leur risque de chômage ainsi que de déclarer le refus injuste d’un emploi sont in fine plus élevés.
Quant aux hommes, l’écart de taux de rappel et le risque de chômage inexpliqué par rapport aux hommes sans ascendance migratoire sont inférieurs parmi ceux diplômés du supérieur candidatant à un poste qualifié, sans pour autant diminuer les déclarations de situations discriminatoires dans la recherche d’emploi.
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Quelles caractéristiques des offres d’emploi et des métiers réduisent la discrimination à l’embauche selon l’origine ?
Document d’études n°271,à télécharger
octobre 2023De nombreux testings ont mis en évidence des comportements discriminatoires selon l’origine géographique des candidat·es lors de l’embauche. En France, ces testings attestent que de tels comportements sont particulièrement marqués lorsque les candidatures sont d’origine supposée maghrébine. Cependant, l’ampleur des écarts de traitement entre candidat·es pourrait varier selon les caractéristiques des métiers (conditions de travail, tension, etc.) et du poste à pourvoir (type et durée de contrat, expérience et diplôme demandés, niveau de salaire offert, etc.).
À partir d’un testing portant sur 12 métiers dans l’ensemble de la France entre décembre 2019 et avril 2021 apparié au contenu des offres d’emploi testées, il apparait que la préférence pour la/les candidature(s) à consonance française varie selon la durée du contrat. Accepter des débutant∙es accroît la propension des recruteurs à discriminer tandis que des exigences plus élevées en matière de diplôme la réduisent. L’expérience et le diplôme signaleraient l’employabilité des candidats et limiteraient l’emprise des stéréotypes et/ou des biais implicites des recruteurs.
La propension à discriminer diffère également selon les caractéristiques du métier sur lequel l’employeur recrute : par exemple, des conditions de travail difficiles et une forte intensité d’embauche l’accroissent. Lorsque le métier est associé à des conditions de travail difficiles, les qualités attendues sur ce type de poste (courage, volonté, assiduité, ponctualité, etc.) semblent incompatibles avec les stéréotypes et/ou les biais implicites de certains recruteurs, les conduisant à moins souvent retenir les candidatures à consonance maghrébine. Une forte intensité d’embauche peut conduire les recruteurs à réduire les moyens affectés à la sélection des candidats et à davantage se laisser guider dans leur choix par leurs a priori.