Article de Cécile Talbot, 2025

Ce texte, paru dans la revue Sociologie du travail n°67-1 (janvier-mars 2025), vise à étudier la construction et les effets d’un rapport genré au travail chez les femmes dans le monde du théâtre. À travers les récits de carrière d’aspirantes au métier de metteuse en scène, qui se sont mobilisées contre les inégalités femmes-hommes, il s’attache à montrer comment les rapports sociaux de sexe alimentent, mais aussi entravent les possibilités de contestation des inégalités.

Il examine la construction de l’identité professionnelle des femmes artistes, à travers la socialisation professionnelle et les relations de travail. La confrontation à la division sexuelle du travail artistique et à la mise en cause de la valeur de leur travail produit chez ces femmes un sentiment d’illégitimité et un rapport au travail ambivalent, à la fois mobilisé et dévoué. L’engagement dans le groupe militant permet alors seulement en partie de compenser cette illégitimité, qui se reproduit dans le travail militant.

Article en texte intégral sur le site Open edition

Cécile Talbot est docteure en science politique et chercheure associée au CERAPS/Université de Lille.

Plan :

1. Une identité professionnelle fragile, fruit d’une socialisation professionnelle inégalitaire

1.1. Naturalisation et sexualisation des femmes

1.2. Naturalisation et déni des compétences féminines

2. Un rapport au travail dévalorisé construit par un rapport de production genré

2.1. Une division sexuelle du travail en partie invisible

2.2. Des créatrices au travail dévalorisé

2.3. La « chance d’en être » et l’intériorisation du doute

3. Un sentiment d’illégitimité qui façonne les possibilités d’engagement

3.1. Une conscientisation tardive que le groupe permet de politiser

3.2. Des engagements vécus comme illégitimes

3.3. Les formes de contournement de l’illégitimité : se distancier de la cause, se rendre moins vulnérable

4. L’illégitimité des femmes, moteur ambivalent des revendications d’égalité professionnelle