Très masculin, pas très féminine. Les variations sociales du genre
Note Population et Sociétés n°605, INED
Les différences de féminité et de masculinité sont une dimension ordinaire du genre peu prise en compte dans les enquêtes statistiques. Combien de femmes se disent peu ou très féminines, combien d’hommes se disent peu ou très masculins, quelles sont-elles et quels sont-ils ? S’appuyant sur l’enquête Virage, Mathieu Trachman explique que ces positionnements sont des manières de se distinguer au sein des groupes de sexe. Ils peuvent être une distance à l’égard d’une norme désirée ou le refus d’un rôle assigné.
Dans la vie quotidienne comme dans les enquêtes statistiques, le genre renvoie le plus souvent à une séparation des individus en deux groupes, celui des femmes et celui des hommes. Cette approche binaire a ses limites : des personnes non binaires ne s’identifient ni comme homme, ni comme femme, le genre des personnes trans ne correspond pas au sexe qui leur a été assigné à la naissance.
Plus généralement, les individus peuvent se sentir plus ou moins féminins, plus ou moins masculins : il existe ainsi des variations de genre internes au groupe de sexe. Celles-ci sont des pratiques et des perceptions de soi-même et d’autrui qui ne remettent pas nécessairement en question la bipartition des sexes, mais qui montrent que l’expérience du genre a plusieurs dimensions.
De plus en plus d’enquêtes statistiques tentent de saisir les variations du genre, en particulier sous la forme d’échelles de masculinité et de féminité. C’est le cas de l’enquête Virage (encadré). Que nous apprennent ces variations de l’organisation sociale du féminin et du masculin ?