La xénophobie à l’école : une discrimination oubliée ?
Le Français aujourd’hui n°209, AFEF, juin 2020
« Si la question des inégalités sociales est depuis longtemps un des axes de la recherche en éducation, la prise en compte des discriminations est récente et inégalement développée. Ainsi, les discriminations liées au genre sont aujourd’hui largement reconnues, malgré la persistance de vives polémiques ; celles liées à l’« appartenance ou [la] non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée » (pour reprendre les termes de l’article 225-1 du code pénal) restent moins reconnues et moins bien étudiées.
Longtemps ignorée, cette question s’est posée avec une nouvelle acuité après les attentats de 2015 et la publication en 2016 de l’ouvrage de François Durpaire et Béatrice Mabilon-Bonfils, Fatima moins bien notée que Marianne. Et d’autres travaux, comme ceux de Laurent Bonelli et Fabien Carrié, témoignent du rôle de l’échec scolaire dans la radicalisation de certains jeunes Français. On ne peut ainsi désormais éviter de s’interroger sur le poids réel des discriminations xénophobes à l’école, comme sur leurs interactions avec les autres formes de discriminations ou avec les inégalités sociales.
Au vu du large consensus autour de la légitimité de l’engagement antiraciste, la question semblerait s’inscrire dans un mouvement partagé de progrès continu vers plus de justice. Toutefois ce consensus apparent ne doit pas dissimuler la difficile articulation des diverses problématiques ni l’émergence de visions différentes, sinon antagonistes, de penser le racisme. On peut aujourd’hui différencier un antiracisme « humaniste », « universaliste », souvent construit contre l’extrême-droite européenne, et un antiracisme « systémique » pour lequel le racisme, héritier du colonialisme, traverse plus profondément le corps social. Mais ces classements reflètent mal la diversité des positions qu’ils peuvent recouper. Ainsi, peuvent se revendiquer de l’antiracisme systémique des discours pour qui « l’institution scolaire est utilisée par les Blancs pour maintenir et transmettre leurs privilèges », et d’autres concluant à une dilution des responsabilités, à un « racisme sans racistes ». Bien évidemment, ces questions ne sont pas spécifiques à l’antiracisme mais traversent profondément nos manières de penser les discriminations. »
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Sommaire sur le site de l’Association française pour l’enseignement du français (AFEF, Armand Colin éditeur, 152 pages, 16 euros)
La racialisation des identités d’hier à aujourd’hui | Carole Reynaud-Paligot | Lire le résumé |
Racisme et discriminations raciales à l’école et à l’université : Où en est la recherche ? | Fabrice Dhume Marguerite Cognet | Lire le résumé |
La discrimination peut-elle être la cause des inégalités scolaires ? | Ines Albandea | Lire le résumé |
Les ambivalences de l’antiracisme. L’exemple de la littérature pour la jeunesse | Pierre Bruno | Lire le résumé |
Le racisme dans les manuels de cm2 : Quelle place, quels textes, quelle exploitation didactique depuis 2002 ? | Lydie Laroque | Lire le résumé |
Dépasser les frontières discriminatoires du corpus à enseigner | Virginie Brinker | Lire le résumé |
À propos de l’identité des « jeunes » français ayant la culture magrébine en héritage | Rima Amokrane et Emmanuelle Guérin | Lire le résumé |
La catégorisation des erreurs linguistiques : Une grille de codage fondée sur la grammaire moderne | Marie-Claude Boivin et Reine Pinsonneault | Lire le résumé |