Les temps de l’enfant
Propositions de la Convention citoyenne, CESE, novembre 2025
Les 133 membres de la Convention citoyenne sur les temps de l’enfant, organisée par le Conseil économique, social et environnemental (CESE), ont adopté ce dimanche 23 novembre leur rapport final. Ces 133 citoyennes et citoyens tirés au sort, illustrant la diversité de la société française, se sont réunis pour sept week-ends de juin à novembre 2025 pour remettre un rapport citoyen sur la question de la structure des différents temps de vie des enfants.
Ils formulent 20 propositions pour un nouveau modèle de société fondé sur une organisation des temps des enfants mieux adaptée à leur bien-être, leur santé, et leurs apprentissages.
Parmi leurs propositions : un nouveau modèle d’organisation des temps avec un allégement des journées en décalant l’heure de début des cours à 9h pour les adolescents, une semaine étalée sur 5 jours, une révision du calendrier scolaire, l’interdiction des réseaux sociaux avant 15 ans, la création d’un véritable droit à la parentalité…
Des temps de l’enfant fragmentés et inadaptés
Leur rapport met en évidence la fragmentation de la vie des enfants en différents temps — scolaire, périscolaire, extrascolaire, temps libre — sans articulation d’ensemble. Ces temps sont construits autour des contraintes des adultes et sont inadaptés au fonctionnement physique, psychique et cognitif des enfants. Les temps libres « non contraints » se raréfient pour les enfants qui sont soumis à un rythme soutenu qui valorise la productivité.Quel modèle de société pour le bien-être des enfants ? Les citoyennes et les citoyens fondent leurs propositions sur plusieurs principes qu’ils estiment prioritaires :
- Protéger les enfants de toute forme de violence et prendre en charge les enfants auteurs de violence et de harcèlement,
- Prendre en compte les besoins spécifiques des enfants et renforcer partout l’inclusion,
- Faire de la santé physique et mentale une priorité,
- Réduire les inégalités sociales et territoriales,
- Investir dans l’enfance et penser sur le long terme les politiques publiques éducatives,
- Revaloriser tous les métiers de l’éducation,
- Réduire les effectifs des classes.
Partant de ces principes, les citoyennes et les citoyens formulent 20 propositions pour repenser l’organisation des temps de l’enfant :
Restructurer les rythmes scolaires et repenser l’organisation de l’école
La Convention citoyenne préconise une transformation globale des temps de l’enfant et propose de :
- Alléger les journées en décalant l’heure de début des cours à 9h pour les adolescents,
- Améliorer la qualité de la pause méridienne et l’allonger à une durée d’1h30,
- Faire majoritairement les devoirs à l’école dans des espaces aménagés,
- Passer à une semaine d’enseignements sur cinq jours, du lundi au vendredi,
- Etablir un socle commun d’apprentissages élargi qui articule savoirs théoriques le matin et pratiques l’après-midi (pédagogie de projet, ateliers portant sur la vie quotidienne, bricolage, cuisine, couture, gestion du budget, éducation à la citoyenneté, activités culturelles et sportives),
- Réviser le calendrier scolaire en deux zones de vacances, avec un rythme plus équilibré de 7 semaines de cours pour 2 semaines de repos,
- Inscrire les établissements scolaires au sein de « campus des jeunes », qui sont des lieux de vie polyvalents et flexibles, intégrant espaces verts et équipements variés. Ils permettent d’accueillir et d’accompagner l’enfant dans tous les moments de sa vie : restauration, pause, temps calmes, temps de jeux, activités et apprentissages, sociabilité, devoirs ou encore les temps dédiés à l’orientation ou à la prise en charge de la santé de l’enfant,
- Ouvrir les espaces et équipements des établissements scolaires, à l’exception des salles de classe, à travers un accord cadre de mutualisation des locaux.
Coordonner les acteurs
Pour dépasser la fragmentation des politiques publiques liées à l’enfance, la Convention citoyenne propose de :
- Créer un ministère de l’Enfance qui garantit une coordination nationale cohérente entre école, périscolaire, éducation populaire, santé, culture, familles etc.,
- Généraliser les Projets éducatifs de territoire nouvelle génération qui permettent une mise en œuvre locale adaptée aux réalités de chaque territoire.
Réduire les temps de transports
La Convention citoyenne souligne que les transports constituent un déterminant majeur du bien-être et de la réussite des enfants et propose de :
- Mettre en place un plan de mobilité jeunes, qui garantisse partout sur les territoires que les temps de trajet entre le domicile et l’établissement scolaire n’excèdent jamais 45 minutes. Ce plan favorise des modes de transports adaptés aux horaires des enfants, actifs, écologiques et sécurisés.
Écrans et numérique : appliquer et renforcer la législation
Troubles du sommeil, de l’attention, anxiété, exposition à des contenus violents, cyberharcèlement : face à ces risques, la Convention citoyenne propose de :
- Rendre obligatoire une éducation théorique et pratique aux usages du numérique à l’école,
- Faire respecter et renforcer la législation existante, en interdisant les réseaux sociaux avant 15 ans avec vérification d’identité, en paramétrant par défaut le téléphone des enfants à l’achat, et en interdisant la publicité sur les types d’écrans à destination des enfants.
Parentalité : impulser un véritable soutien national aux familles
La Convention citoyenne affirme que la parentalité doit être pensée comme le pilier d’une politique de l’enfance globale et propose de :
- Créer un véritable droit de la parentalité, qui reconnaisse et protège le rôle des parents tout au long du parcours de vie de l’enfant. Les enfants sont ainsi moins affectés par les conditions de vie, contraintes et difficultés de leurs parents car ces derniers sont soutenus pour subvenir, à tous les âges, aux besoins fondamentaux des enfants.

