Tirant notamment son titre d’une phrase du livre de Joseph Conrad, Au cœur des ténèbres, cette série montre à quel point l’histoire officielle est le fruit du pouvoir : la doctrine de la découverte ou le récit officiel selon lequel les États-Unis seraient une « nation d’immigrants » nous viennent des récits et des silences des vainqueurs. Il s’agit dès lors, nous dit Raoul Peck, d' »essayer d’approcher l’autre histoire qui a été tue, qui a été réduite au silence« . Mettant en réseau les travaux de Sven Lindqvist, écrivain et historien suédois, mais aussi de l’historienne étasunienne Roxanne Dunbar-Ortiz et de l’anthropologue haïtien Michel-Rolph Trouillot, Raoul Peck propose d’autres perspectives. Il s’intéresse ainsi au point de vue des Amérindiens, des Africains, des Africains-Américains, et autres victimes des génocides et violences coloniales. A l’aide d’archives familiales, de séquences de fiction et d’illustrations animées, un regard inédit qui bouscule les certitudes du spectateur. Là où le documentaire ne suffit plus, la fiction répond à la nécessité de « trouver une forme pour exprimer l’inexprimable« .
Bande-annonce
Série de 4 x 58 minutes par Raoul Peck, Velvet films-HBO-Arte, en ligne sur www.arte.tv/fr/videos/RC-022134/exterminez-toutes-ces-brutes/ jusqu’au 8 avril 2022
« Civilisation, colonisation, extermination » : trois mots qui, selon Raoul Peck, « résument toute l’histoire de l’humanité« . Celui-ci revient sur l’origine coloniale des États-Unis d’Amérique pour montrer comment la notion inventée de race s’est institutionnalisée, puis incarnée dans la volonté nazie d’exterminer les Juifs d’Europe. Le même esprit prédateur et meurtrier a présidé au pillage de ce que l’on nommera un temps « tiers-monde ».
Raoul Peck montre comment l’impérialisme, le colonialisme et le suprémacisme blanc constituent un impensé toujours agissant dans l’histoire de l’Occident. Ce deuxième épisode réexamine l’histoire du « Nouveau Monde » et du génocide des Nations amérindiennes.En réexaminant l’histoire du « Nouveau Monde » et du génocide des Nations amérindiennes, ce deuxième épisode décrypte les dénis du mythe de la « terre vierge » figé par la culture populaire, qui va asseoir la domination de l’Europe et justifier la « traite » de millions d’Africains.
Ce troisième volet montre comment l’industrie de l’acier et la maîtrise de la technologie ont permis aux Occidentaux de mener des guerres de plus en plus lointaines et meurtrières pour créer un cycle sans fin, qui culmine avec le crime de masse impuni que constituent les bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki, et dont les États-Unis se sont affirmés comme les maîtres.
Dans cet ultime épisode, Raoul Peck médite sur la Shoah, tout en soulignant l’impossibilité pour les États-Unis de concilier leur véritable histoire avec leurs idéaux de liberté et de démocratie. L’annihilation amérindienne ainsi que les héritages esclavagiste et colonialiste forment les fondations du racisme qui revit aujourd’hui dans le rejet des exilés et des déshérités. « Ce n’est pas le savoir qui nous manque« , conclut-il.