Quand le poids est politique

Élise Sánchez, Ballast, juin 2023

Près de la moitié de la population française est concernée par l’obésité et le surpoids. La grossophobie — entrée dans Le Robert en 2019 — est l’attitude discriminatoire à l’encontre des personnes grosses. Cette déconsidération a des conséquences importantes au quotidien, qu’elles soient psychologiques, sociales et professionnelles.

La Ligue contre l’obésité a rappelé que la grossophobie frappe d’abord dans la rue, à l’école et au travail. Si l’apparence constitue un critère interdit à l’embauche, il reste difficile de prouver le rejet d’une candidature à cause d’un jugement physique. En l’espèce, les femmes grosses, déjà sujettes au sexisme, sont l’objet d’une double discrimination : une étude a ainsi montré en 2016 que, pour 52 % des hommes interrogés, il était acceptable que le poids puisse être un critère pour refuser l’embauche d’un candidat ou d’une candidate. 34 % des femmes obèses déclaraient quant à elles avoir été discriminées à l’embauche pour ce motif.

Contre une approche seulement préventive, moralisatrice et stigmatisante — autrement dit centrée sur l’individu —, l’autrice de cet article propose, aux côtés de femmes et de collectifs militants, de penser cette question dans ses implications politiques.

  • Une norme historique mouvante
  • Le poids des discours
  • La construction sociale du corps gros
  • Se confronter au monde médical
  • Lutter contre l’individualisme apolitique

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