Le problème, c’est la manière dont les hommes deviennent des hommes
Entretien avec Valérie Rey-Robert, revue Ballast, avril 2020
La situation actuelle est particulière. Violences intra-conjugales favorisées par le confinement, déclassement des avortements au rang d’interventions « non-urgentes » dans certains hôpitaux ou États, augmentation du travail domestique… Est-ce à dire que les situations de crise exacerbent la violence patriarcale ?
Un article au titre évocateur, « Le Coronavirus est un désastre pour le féminisme », a paru récemment. Les femmes, à cause des structures patriarcales qui font entre autres qu’elles sont moins payées et plus souvent à temps partiel, sont en temps d’épidémie encore davantage en charge des malades, des personnes âgées et des enfants qui ne vont plus à l’école — et ce sans être rémunérées. La majeure partie des familles monoparentales ont à leur tête des femmes, très souvent précaires, que la fermeture des écoles et des crèches met en grande difficulté. Un autre article a d’ailleurs montré que de nombreuses mères, qui s’étaient arrêtées de travailler pour garder leurs enfants, n’avaient finalement pas eu de maintien de salaire, contrairement aux promesses gouvernementales.
On sait également que les violences patriarcales ont augmenté : le secrétaire général de l’ONU a appelé les gouvernements à réagir face à ces faits. Le collectif NousToutes, qui a lancé une initiative « Parentalité et confinement », a également souligné que la majorité des personnes présentes dans leurs groupes WhatsApp était des femmes. Donc, effectivement, le confinement ne règle pas les problèmes d’inégalités domestiques et économiques dans le couple hétérosexuel — il les accentue plutôt, à tous les niveaux.