Code noir, crime contre l’humanité. Devoir de mémoire et abolition de l’esclavage vus par les rappeurs

Sons et réflexions, Histgeobox, février 2025

 » Nous avons pu constater dans un précédent billet que l’histoire est un des matériaux privilégiés du rap hexagonal, en particulier la période de l’esclavage. Les paroles des rappeurs insistent sur « la constance des stigmates nés de l’époque esclavagiste ». Pour comprendre les origines d’injustices toujours à l’œuvre, ils entendent, dans leurs textes, entretenir le souvenir. Cette quête mémorielle, omniprésente dans le rap, s’oppose souvent au processus commémoratif officiel.

L’histoire du passé esclavagiste de la France est longtemps restée largement méconnue ou minorée. Il faut dire que depuis la Révolution un mécanisme de l’oubli est mis en place. Entre 1848, date de l’abolition, et 1946, celle de la départementalisation, la République cherche assimiler. Dès lors, il faut donner des gages d’amour à la mère patrie et ne pas revenir sur les pages sombres de l’histoire nationale. Dans ces conditions, mieux vaut ne pas évoquer la période de l’esclavage.

« Je recommande à chacun l’oubli du passé« , déclarait déjà le gouverneur de Martinique en 1848. Sous la IIIème République, l’école républicaine s’évertue alors à faire aimer la patrie, Marianne, le drapeau tricolore, Schoelcher. L’histoire semble alors circonscrite aux territoires ultramarins, comme si l’esclavage n’impliquait pas, de façon bien plus large, l’Europe, l’Afrique et l’Amérique. Le système de la traite, alors que la Révolution industrielle point, a pourtant permis à l’Occident d’asseoir sa domination économique et technologique sur le monde. Cette négation de l’histoire crée des dégâts considérables. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, l’esclavage continue à faire l’objet d’une large occultation.  »

Sons et réflexions de Assassin, Dooz Kawa, Lino, Rocé, la Rumeur, Sidi Wacho, Neg Lyrical, Kerry James, Booba, Hocus Pocus, Médine, Fabe et Youssoupha sur le site Histgeobox

Sons :

  • Casey : « Dans nos histoires », Ennemi de l’ordre, Dooeen’ Damage – DDCASEY001/1, Anfalsh Productions – DDCASEY001/1, 2006Hugo TSR : « El Dorado », Fenêtre sur rue,Chambre Froide – 5 414939 331718, 2012
  • Assassin : « A qui l’histoire? (le système scolaire) », Le Futur Que Nous Réserve-t-il? Volume 1,Delabel – DE 71116,1993
  • Dooz Kawa : « Le savoir est une arme », Bohemian rap story, 3rd Lab – DK001, 2016
  • Lino : « Requiem », Requiem,Universal Music France – 4707893, 2015
  • Rocé : « Problèmes de mémoire », Identité en crescendo, EmArcy – 987 172-6, No Format – 987 172-6, 2006
  • La Rumeur : « Les écrits restent », L’entre volets EP, FUAS Music – FUAS 0009 EP, [PIAS] – 179.0009.30, 1999
  • Le Bavar & Ekoué: « Le chant des casseurs », Nord Sud Est Ouest : Episodes 1 & 2,La Rumeur Records – none, 2009
  • La Rumeur : « 365 cicatrices », L’ombre sur la mesure, EMI Music France – 07243 538 786 10, 2002
  • Tiers Monde : « Five minutes a slave », Toby Or Not Toby « Esclave Ou Maitre », Din Records
  • 967.A002.020, [PIAS] France – 967.A002.020, 2014
  • Sidi Wacho : « Que de l’amour (remix 2022) », Calle Sound system,Sabor Discos – SD023, 2022
  • Kery James : « Musique nègre », Mouhammad Alix, Suther Kane Films – M6240, 94 Side P – M6240, 2016
  • Booba : « Le météore », Ouest side,Tallac Records – 080 962 2, Universal Music France – 080 962 2, 2019
  • Youssoupha : « Noir désir », Noir Désir,Bomayé Musik – 5099930117426, 2012
  • 113 : « Tonton des îles », Tonton du bled,Alariana – 37000784002 2, Small – 37000784002 2, Chronowax – CHR018, 2000
  • Hocus Pocus : « Quitte à t’aimer », Place 54,P-Vine Records – PCD-93117, 2008
  • Médine : « Blokkk identitaire », Protest song,Because Music – BEC5161352, 2013
  • Fabe : « Code noir », Détournement de son…,Small – SMA 491661 1, 2010
  • Neg Lyrical : « Tôt ou tard », Ecoute la rue Marianne,Zénith Sonore – 079.1003.023, 2007
  • MZ : « Noir c’est noir », La dictature,Sony Music – 88985308112, Arista – 88985308112, 2016

Sources :

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