Campagne mondiale contre l’âgisme
Pour la première fois, l’ONU s’attaque à la question de l’« âgisme ». Et d’après son rapport, une personne sur trois estime avoir été déjà discriminée ou victime de préjugés à cause de son âge. Bien sûr, la Covid-19 n’a rien arrangé, au contraire.
L’étude relève que depuis un an, les personnes âgées sont souvent vues comme systématiquement fragiles et vulnérables. Les jeunes, eux, se croiraient invincibles. Jeunes imprudents. Jeunes irresponsables. Ce sont eux, d’ailleurs, qui se disent le plus victimes d’âgisme.
Les agences de l’ONU à l’origine de ce rapport confessent qu’il n’a pas été simple de travailler sur ce sujet, que les données sont difficiles à récupérer… Il y a beaucoup d’impalpable, de ressenti dans tout cela. Mais des situations très concrètes existent aussi. Des mesures de confinement qui ont visé seulement les plus âgés par exemple, au Royaume-Uni (pour les plus de 70 ans), en Bosnie, en Serbie ou en Colombie. L’accès au métro temporairement interdit aux anciens aux Philippines. Aux Émirats arabes unis, aller faire ses courses au supermarché n’a plus été possible, durant un temps, au-delà de 60 ans.
Et puis il y a, hors coronavirus, ces nombreux cas de discrimination à l’embauche. Être « vieux », comprenez « âgé de plus de 50 ans », c’est être, au travail, potentiellement « déprimé, incompétent, rigide, avec une motivation en berne ». Les jeunes eux, sont souvent perçus comme « narcissiques, déloyaux et paresseux« . Voilà pour les aspects négatifs. Mais il existe aussi des clichés dans l’autre sens : les jeunes étant tour à tour considérés comme « énergiques, technophiles et travailleurs » quand leurs aînés héritent d’autres qualités : la fiabilité par exemple, ou la capacité à mener une équipe.
Dans son rapport, l’ONU estime que l’âgisme coûterait plusieurs dizaines de milliards de dollars chaque année. Parmi les causes, l’impossibilité de trouver un travail, l’argent dépensé en soins (santé physique et mentale impactées).
Le Rapport mondial sur l’âgisme fournit un cadre d’action pour réduire l’âgisme, y compris des recommandations spécifiques pour différents acteurs (par exemple, le gouvernement, les agences des Nations Unies, les organisations de la société civile, le secteur privé). Il rassemble les meilleures preuves disponibles sur la nature et l’ampleur de l’âgisme, ses déterminants et son impact. Il décrit les stratégies efficaces pour prévenir et contrer l’âgisme, identifie les lacunes et propose de futures pistes de recherche pour améliorer notre compréhension de l’âgisme.